Catherine Vautrin veut un hôpital public et des établissements « soutenus » et « modernisés »

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 12/01/2024 par Agathe Moret
Article Hospimedia

Nouvellement nommée ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin a profité de la passation de pouvoir tenue ce 12 janvier au ministère de la Santé pour détailler les fondamentaux de son action. L’hôpital public, « trésor national », l’autonomie des personnes âgées et la fin de vie ont été cités parmi les priorités.

Branle-bas de combat après l’annonce de la composition le 11 janvier du nouveau Gouvernement. Catherine Vautrin, nommée à la tête d’un super ministère comprenant le Travail, la Santé et les Solidarités, s’est rendue à Paris ce 12 janvier à la première heure pour enchaîner les prises de parole officielles avant son entrée au conseil des ministres. Première d’entre elles, la cérémonie de passation de pouvoirs tenue avenue Duquesne. Entourée des anciennes ministres Aurore Bergé (Solidarités et Familles) et Agnès Firmin Le Bodo (Santé) et de la ministre déléguée Fadila Khattabi (Handicap), elle a partagé ses priorités en matière de santé et d’autonomie.

Je veux donner aux soignants le pouvoir de construire. De construire leur quotidien, de construire l’hôpital qui leur ressemble.
Catherine Vautrin

« Réarmer » le système de soins

« Notre système de santé et notre secteur médico-social ne manquent pas de défis« , a-t-elle rapidement souligné. C’est aujourd’hui une des grandes ambitions de ce mandat auquel je vais consacrer toute mon énergie« . « La prévention comme l’offre de soin sont des enjeux absolument majeurs« , a-t-elle indiqué selon les propos relatés par Le Parisien. Dans la droite ligne du Premier ministre Gabriel Attal, qui a appelé le 10 janvier à renforcer les services publics de santé (lire l’article Hospimedia), Catherine Vautrin a estimé que « l’hôpital public et tous les établissements de santé doivent être tout autant soutenus que modernisés« . Elle a ainsi partagé sa volonté de « réarmer notre système de soins, à l’hôpital public, notre trésor national, comme en médecine de ville en partant du vécu du patient. […] Je veux donner aux soignants le pouvoir de construire. De construire leur quotidien, de construire l’hôpital qui leur ressemble. » Afin de « redonner du temps médical » et permettre aux soignants d’avoir « des conditions d’exercice stimulantes« , « le dialogue social sera une priorité absolue« , a encore précisé la ministre.

La question du grand âge n’a pas manqué d’être également citée. Catherine Vautrin a à ce titre évoqué la question des aidants et « la volonté de nos séniors de rester chez eux avec un accompagnement adapté« . « Je n’ai pas oublié à la fois l’engagement des professionnels mais également le défi qui est devant nous« , a assuré celle qui par le passé a brièvement occupé les fonctions de secrétaire d’État en charge des Personnes âgées. Enfin, viendront également au rang des priorités deux dossiers particulièrement suivis par le grand public : l’inscription du droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution — pour lequel le texte « fondateur » de sa prédécesseure Simone Veil « doit être gravé dans le marbre » —, ainsi que la loi sur la fin de vie, prévue pour être examiné en février. Notoirement connue pour s’être opposé à la légalisation de l’aide active à mourir, elle a promis «  [ne] pas [oublier] ce grand sujet« .

Une nomination qui divise

Au lendemain de l’annonce de la création d’un ministère au très large périmètre, les fédérations n’ont pas manqué de réagir. « La Santé se retrouve in extremis intégrée au milieu d’un grand ministère [et] confiée à une ministre dont le parcours professionnel et politique n’a jamais croisé le système de santé« , s’étranglent, « inquiets« , les responsables d’Action praticiens hôpital (APH). Si l’Uniopss salue « l’engagement ancien et constant » de Catherine Vautrin sur le sujet des solidarités, son expérience « très anecdotique » en matière de santé est également relevée par le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).

La fusion des ministères santé et travail — déjà observée sous la Ve République aux temps de Xavier Bertrand et de Roselyne Bachelot — est également au cœur des discussions. Pour les fédérations étudiantes en santé*, celle-ci est jugée « choquante et aberrante« . Dans un communiqué commun, les étudiants estiment que « les domaines de la santé et du travail nécessitent une autonomie franche et des approches spécialisées pour assurer leur efficacité » et donc « un ministère fort [et] indépendant« . « Quatorzième au rang du protocole gouvernemental« , le ministère de la Santé « aurait-il aujourd’hui purement disparu ? » s’interroge l’APH.

Avec ce large portefeuille, « la Santé remonte dans l’ordre protocolaire du Gouvernement » pour atteindre la troisième place, se réjouit de son côté la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) en saluant la nomination de Catherine Vautrin. À ses yeux, la santé « pourrait enfin bénéficier des moyens nécessaires à tous les Français et à leurs médecins« . La politique du verre à moitié plein prime également pour la Fédération hospitalière de France (FHF), qui souhaite y voir le signe « d’un portage politique renforcé et tout à fait prioritaire« . Pour la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes (FFMKR), c’est la force de la transversalité qui est évoquée. La nouvelle locataire de l’avenir Duquesne « pourra coordonner une action décloisonnée entre les sujets d’accès aux soins, de bien-vieillir et de prévention« . Une lecture partagée par Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) : « Travail, Santé et Solidarité doivent œuvrer en bonne intelligence pour créer un choc de formation et renforcer l’attractivité des métiers. »

Assurer une « place centrale » à la santé

Du côté des optimistes comme des pessimistes, les craintes sont cependant les mêmes : la « relégation » de la santé au dernier rang des priorités. Alors que la CSMF appelle à ce que celle-ci occupe « une place prioritaire et centrale » du ministère, la FFMKR se dit à ce titre « attentive au fait que ce grand périmètre serve une vision globale du soin et non un délaissement des politiques sanitaires« . L’Association nationale des étudiants en médecine de France confirme : « La santé doit rester une préoccupation centrale et non subordonnée au sein de ce nouveau ministère. »

Dans un contexte de remaniements réguliers — quatre ministres de la Santé ont été nommés en l’espace d’un an et demi —, nombreuses sont les instances à plaider pour la stabilité. « Les changements successifs de ministres […] n’ont malheureusement pas facilité la mise en œuvre de nos propositions pour améliorer le système de santé« , déplore ainsi l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes. « Le monde de la santé a besoin de stabilité et de soutien : la situation est extrêmement difficile pour les établissements et nous sommes en attente d’arbitrages majeurs« , commente quant à elle la FHP.

Au regard de l’urgence, plusieurs acteurs, dont la FHF et le Sniil, ont d’ores et déjà demandé à être rapidement reçus par la ministre et ses équipes « afin de répondre à plusieurs enjeux majeurs pour la santé et l’autonomie« . Mesures de lutte contre l’inflation, attractivité, évolution et rémunération des métiers, formation, gouvernance médicale, réforme de l’autonomie… tous tombent finalement d’accord avec Catherine Vautrin : les défis sont bel et bien nombreux.

Les noms des ministres délégués en passe d’être dévoilés

Dans un communiqué, l’AD-PA, qui se félicite elle aussi de la nomination de Catherine Vautrin, rappelle le besoin de structurer ses équipes. « Compte tenu de la taille de son ministère« , la fédération « espère qu’elle sera accompagnée par une ministre déléguée aux personnes âgées« . Il faudra pour cela attendre que le Gouvernement dévoile sa composition définitive, attendue ces jours-ci. Le président de la République, Emmanuel Macron, devrait également prendre la parole. Si Agnès Firmin Le Bodo, remplaçante par intérim de l’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, semble définitivement écartée du Gouvernement dans le cadre de l’affaire Urgo (lire l’article Hospimedia), plusieurs noms circulent. Selon France Info, Agnès Pannier-Runacher, actuelle ministre de la Transition énergétique, serait nommée ministre déléguée en charge de la Santé. Une information qu’Hospimedia n’a pu se faire confirmer à l’heure où nous écrivons ces lignes.

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