La filière de la healthtech reste affectée par le contexte économique incertain

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 13/02/2025 par Pia Hémery
Article Hospimedia

Le contexte politique et économique n’aide pas à la sérénité de la filière de la healthtech. La « vallée de la mort » du financement, après l’amorçage, s’est un peu étendue, d’après le panorama de France biotech. L’écosystème reste toutefois solide.

« En dépit d’un contexte économique incertain, la filière healthtech continue d’afficher une croissance solide et de jouer un rôle clé dans l’innovation en santé. […] Néanmoins, nous devons consolider cet écosystème par des actions concrètes en matière de financement, de réglementation et d’accès au marché pour maintenir cette dynamique« , déclare Frédéric Girard, président de l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé France biotech ce 12 février à l’occasion de la présentation de la 22e édition de son panorama* sur la healthtech en France.

Perspectives positives pour l’emploi en 2025

L’écosystème entrepreneurial de la healthtech française se montre « diversifié et en croissance« , avec 2 700 entreprises en biotechnologies, dispositifs médicaux (medtech) et santé numérique. Ce tissu dense d’entreprises génère 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023 (+21% par rapport à 2022). Et leurs dépenses de recherche et développement ont atteint 1,4 milliard d’euros en 2023 (+10%). Si les entreprises de biotechnologie y concentrent 60% de leurs dépenses et 40% de leurs effectifs en moyenne, les medtech connaissent une progression record en la matière (+85% des montants investis entre 2022 et 2023), souligne France biotech. La filière génère 75 600 emplois en France, dont près de 14 000 emplois directs dans les entreprises étudiées (-8%). 64% ont recruté en 2024 mais 14% ont aussi procédé à des licenciements ou reporté leur recrutement, souligne l’association, qui constate des métiers en tension, des compétitions entre entreprises et un besoin de polyvalence. Elle expose néanmoins des perspectives positives pour 2025, 83% des entreprises annonçant leur intention de recruter.

La santé numérique en quête de pérennité

Oncologie, maladies infectieuses, neurologie et maladies rares restent les domaines d’excellence du secteur de la biotech (864 entreprises en France), note France biotech. Le secteur de la santé numérique et de l’intelligence artificielle en santé est quant à lui particulièrement « dynamique« , pointe-t-elle également, mais il est « en quête de stabilité et de prédictibilité économique« . Elle recense près de 450 sociétés actives en 2025, 76% disposant déjà de produits commercialisés, dont 57% intégrant de l’intelligence artificielle. « La difficulté d’identifier un modèle d’affaires prévisible et durable demeure au cœur des enjeux, les achats hospitaliers (65% d’entreprises) et industriels (36%) étant les principaux modèles commerciaux recherchés« . En parallèle, continue-t-elle, « les sociétés de techbio, spécialisées dans l’accélération de la découverte de médicaments grâce à l’intelligence artificielle sont en plein essor« . Elles représentent une vingtaine d’entreprises dans l’Hexagone et leur défi réside dans l’accès aux données publiques de santé.

La dynamique partenariale privilégiée

Comme l’an dernier (lire l’article Hospimedia), le financement reste la première préoccupation des entrepreneurs en 2024, 68% d’entre eux se disant affectés par le contexte actuel (+8 points par rapport à 2023). Les entreprises cherchent dès lors à anticiper les difficultés de refinancement. 39% d’entre elles faisaient face fin 2024 à des problèmes de trésorerie (+1 point). Dans cette tourmente de la levée de fonds, le crédit d’impôt recherche et le statut jeune entreprise innovante restent des piliers, bénéficiant respectivement à 86% et 57% des entreprises du secteur. En outre, la dynamique partenariale repart depuis un an. « 48% des entreprises envisagent la fusion-acquisition comme stratégie de croissance tandis que le codéveloppement et les accords de licensing sont en forte progression« , note France biotech. Bpifrance injecte elle aussi des milliards d’euros dans la filière : 1,25 en 2024 (682 millions d’euros (M€) d’aide à l’innovation, 102 M€ en capital innovation, 300 M€ d’investissement de fonds healthtech et 129 M€ en capital développement), avec une attention particulière pour le numérique et l’intelligence artificielle. Et ces refinancements de s’inscrire dans une démarche de réindustrialisation renforçant l’autonomie et la compétitivité françaises.

Besoin d’un booster institutionnel

La France occupe une bonne position au niveau européen. France biotech la classe deuxième en montants levés cumulés depuis 2022. La healthtech française atteint en effet 2,6 milliards d’euros de financement en 2024, dont 1,7 milliard en refinancement boursier. Cependant, une opération exceptionnelle majeure à 1,2 milliard d’euros nuance quelque peu la situation avec des montants levés proches de ceux de 2023 et des tickets moyens en baisse de 30% révélant des difficultés croissantes à se financer. Selon les experts, il est donc crucial d’augmenter les financements de long terme disponibles pour l’ensemble des acteurs du non coté au coté. En particulier du côté des institutionnels.

* L’étude est réalisée en collaboration avec la Banque populaire, Bpifrance, Euronext, EY et Howden.

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