Des ingénieurs biomédicaux se sont saisis de la nomenclature CNEH désuète pour l’actualiser et la rendre évolutive face aux évolutions technologiques. L’Afib va réitérer ce travail interprofessionnel cette fois pour les services techniques.

Le travail réalisé par les ingénieurs biomédicaux était contraignant mais il pourra servir d’appui à la modernisation des autres codes hospitaliers. Pendant trois ans, un groupe de vingt ingénieurs volontaires a travaillé à mettre à jour la nomenclature dite CNEH, développée en 1992 par le Centre national d’expertise hospitalière (CNEH) et actualisée pour la dernière fois en 2011. Cet outil est pourtant utilisé au quotidien par les ingénieurs pour classer les dispositifs médicaux, les codifier dans leurs bases de données GMAO* et ainsi les aider à structurer leur gestion de parc. « Les équipements médicaux évoluent : en quatorze ans il en est apparu énormément, notamment sur les nouvelles technologies et la robotique« , explique à Hospimedia Marie Pereira, ingénieur biomédical aux Hospices civils de Lyon (Rhône) qui donne l’exemple de l’exosquelette, complètement absent de la nomenclature CNEH de 2011.
En 2024, le CNEH a transféré les droits de sa nomenclature à l’Association française des ingénieurs biomédicaux (Afib) pour que ces derniers s’en saisissent pleinement et en fassent un outil associatif, évolutif, adapté aux réalités du terrain. Un outil créé par eux pour eux. Le travail collaboratif était déjà lancé et la nouvelle nomenclature a été présentée fin septembre lors des journées de l’Afib. « L’objectif était de bien la structurer et d’avoir un vocabulaire commun pour toutes nos structures« , décrit Hélène Viard, ingénieur biomédical au CH de Tourcoing (Nord). Auparavant les pratiques étaient en effet hétérogènes et sources d’erreurs dans la vie quotidienne : « Vous vous retrouvez avec du matériel qui n’est pas classé comme il faut, voire plusieurs codes inventés pour la même chose. » « Pendant quatorze ans, chaque établissement a rajouté ses codes, modifié des choses et nous nous sommes retrouvés avec chacun une nomenclature CNEH partant de la même base mais modifiée de manière très erratique« , ajoute Marie Pereira.
Le travail collectif continue avec une évolution annuelle
Téléchargeable sur le site de l’association, la nouvelle nomenclature CNEH-Afib est accessible à tous, hôpitaux comme sociétés qui vendent des outils GMAO. Une foire aux questions l’accompagne avec un lien vers un questionnaire afin que chacun puisse apporter sa contribution à l’amélioration du code, en signalant des oublis par exemple. Hélène Viard espère que beaucoup de gens vont participer et « apporter leur pierre à l’édifice parce que plus il y a de gens qui participent, plus c’est enrichissant« . « C‘est un code qui se veut vivant dans sa structure mais il peut vivre de manière assez aisée dans nos établissements. » Ces apports seront traités par le groupe de travail composé d’ingénieurs de CH, CHU et centres de lutte contre le cancer — qui s’est donné pour nom les Gardiens du code — qui proposera chaque année une évolution de la nomenclature pour qu’elle conserve sa pertinence et reste la même pour tous.
Ce travail a été énorme pendant trois ans pour retravailler complètement le code et aujourd’hui, l’évolution se veut annuelle pour nous assurer que le travail ne sera jamais aussi contraignant qu’il l’a été.
Hélène Viard, ingénieur biomédical au CH de Tourcoing
Un référentiel de durée de vie opérationnelle en vue
Le travail collaboratif était indispensable au vu du large parc des dispositifs médiaux. La nomenclature est ainsi passée de 900 à 1 800 codes, avec des éléments précisés et d’autres ajoutés. Mais ce travail de longue haleine est le point de départ de travaux plus ambitieux pour les ingénieurs biomédicaux. L’Afib a notamment été approchée par l’Association nationale des cadres et experts techniques hospitaliers H360 pour faire évoluer les codes qui les concernent. « Nous avons la volonté que cet outil serve de point d’appui pour faire évoluer d’autres codes que nous utilisons dans notre quotidien, comme les codes achat de la DGOS et les familles homogènes d’achat« , affirme Hélène Viard. Des outils de gestion qui n’ont pas évolué avec l’offre industrielle et qu’il faut aussi moderniser. L’Afib propose donc « sa pierre de Rosette » des codes pour en amener d’autres à évoluer.
Sa dernière ambition est de travailler sur un référentiel de durée de vie opérationnelle techniquement raisonnable sur tous les dispositifs médicaux achetés à l’hôpital. L’objectif : évaluer la durée de vie des équipements chez chaque fournisseur pour en faire un critère de soutenabilité financière et écologique dans le cadre des marchés publics. L’association mise une fois de plus sur un travail collaboratif entre ingénieurs médicaux pour que ce référentiel soit opposable.
- * GMAO pour gestion de maintenance assistée par ordinateur

