En apparence, hommes et femmes se partagent les directions des établissements de santé. En réalité, des disparités importantes se dessinent dès lors que l’on regarde le type de poste (chef ou adjoint), la taille de l’établissement et le secteur. Les hommes sont plus souvent chefs et dirigent les structures à plus gros budget.
Les femmes surreprésentées parmi les adjoints
Dans son rapport paru le 6 février sur les directions d’hôpitaux, le Centre national de gestion (CNG) fait état d’une répartition plus paritaire avec 51,1% de femmes et 48,9% d’hommes au 1er janvier 2022. Sur les 346 chefs d’établissement en poste, 26,2% sont des femmes, 22,6% occupent un emploi fonctionnel de chef. S’agissant des directeurs d’établissement sanitaire, social et médico-social (D3S), 62,5% des chefs sont des femmes. Parmi les 640 directeurs de soins, 74,1% sont des femmes. Le CNG ne donne pas les chiffres concernant les adjoints, contrairement à son rapport de 2019.
Les données d’Hospimedia Nominations montrent que les femmes sont majoritaires parmi les adjoints à 52,6%. Selon les services, les écarts peuvent se creuser très fortement. Sur les 657 directeurs des systèmes d’information, seules 20,2% sont des directrices. À l’inverse, elles représentent 64,7% des directrices des ressources humaines et des affaires médicales. Le top 5 des postes occupés par les femmes sont directeur médico-social, pharmacien chef de service, directeur des ressources humaines, directeur qualité et directeur. Les cinq postes les plus occupés par les hommes sont directeur médico-social, président de commission médicale d’établissements (CME), directeur, directeur des systèmes d’information, direction des finances.
Les hommes à la tête des plus gros établissements
Les inégalités se creusent également en fonction de la taille de l’établissement. Dans les structures sanitaires de plus de 500 lits (dont les groupements hospitaliers de territoire), les hommes sont 71,3% à occuper les postes de directeur ou directeur général contre 28,7% de femmes, selon Hospimedia Nominations. Même tendance dans les établissements médico-sociaux, ce qui est d’autant plus flagrant que les femmes y sont largement majoritaires. Dès lors qu’elles ont plus de 500 lits (dont les groupes et les associations), elles sont dirigées à 73,1% par des hommes et à 26,9% par des femmes.
Mieux combiner vies professionnelle et personnelle
Le SMPS, le Syncass-CFDT et le CH-FO expliquent que le vivier de femmes est inférieur à celui d’hommes. Les femmes se positionnent moins sur ces postes et, d’après les syndicats, il pourrait s’agir d’une manière d’assurer un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Ils évoquent la mobilité géographique. « Les femmes multiplient moins les candidatures, constate Philippe Guinard, délégué permanent DH du CHFO. Un homme qui cherche une mobilité postule sur la France entière avec cinq candidatures à chaque tour en se disant que la famille suivra, alors que nos collègues femmes font une ou deux candidatures, on voit qu’il y a des arbitrages. »
Le CNG indique de son côté veiller à la composition des listes pour les nominations sur les chefferies et les emplois fonctionnels de chef ou d’adjoint. « Il est à noter que certains postes ne donnent toutefois lieu à aucune candidature féminine, sans raison particulière de lieu, de type d’établissement ou de niveau de responsabilité« , ajoute-t-il. Le corps se féminisant, il estime que la part des femmes va continuer de progresser. À condition que les femmes s’épanouissent dans leur emploi et s’y maintiennent, souligne le SMPS, en évoquant la question des violences sexistes et sexuelles, axe que mentionne également le Syncass-CFDT.